Cent quatre-vingts barrages et dérivations édifiés depuis 2015, deux cents en construction, et 2 800 autres dans les cartons… Les « minicentrales » hydroélectriques sont à la mode dans les Balkans. Ces projets, souvent soutenus par l’Union européenne, permettent à des potentats locaux de blanchir leur fortune ou de capter des subventions, sans que leurs avantages économiques ne soient évidents : la capacité de production électrique demeure faible, tandis que toutes les autres sources d’énergie renouvelable, comme le solaire ou l’éolien, sont encore sous-développées. Malgré les promesses des gouvernants, ces ouvrages ne créent guère d’emploi que lors de leur construction – ensuite, il suffit bien souvent d’un gardien et d’un ou deux techniciens pour les faire tourner. En revanche, les ravages environnementaux sont irréversibles, et les barrages menacent directement le mode de vie des communautés rurales, privant d’eau agriculteurs et éleveurs.
Photographies prises en 2019. Commande réalisée pour Mediapart avec Laurent Geslin & Jean-Arnault Derens.